Voyages en train – Voix retrouvées
Comme une tapisserie, une doublure
Sous ma peau se déroule
tout un paysage vivant de prairies de rivières et d’étangs
Fines nervures des racines entre souvenir et présent
Est-ce lui qui défile le long des rails sur les talus entraperçus dans l’aube du voyage?
Pavots
Pavone
Papaveri
Cadaveri
Fleur de l’oubli dans le matin engourdi qui somnole
Non le pavot à feuilles de velours de l’Odyssée
Ni le pavot ponceau des jardins mais
Anémiés fragiles
Ni mauves ni fleurs sauvages
De pâles pavots couleur lilas
Zébrure double sur la vitre du train
Cicatrice ancienne au rebord du talus
Exsangues
Désincarnés
drapeaux
claquant au vent marin
Finesse de paupière de leurs pétales clos en transparence sur
Mes souvenirs d’enfance
Pavot coquelicot dont la soie chiffonnée cloque comme une promesse dans la
Douceur vert tendre du bouton penché sur le bord du talus
Impalpable rêve de chair évanoui dès qu’on l’effleure
Ephémère
et banale
fleur sans calice
et
sans calcul
Fleur sans fard
au nom éclatant
Tourmentée par le vent comme un précaire calicot portant inscrits
Les mots pâlis de la mémoire
*
Sources et
réflexions :
Odyssée IV-221 – pavot à feuilles velues
La banalité du
mot est-elle garante de son potentiel poétique ? coquelicot :
création populaire onomatopéïque – invention, donc poésie pure d’un mot SANS
racines savantes.
Homophonie :
calicot (tissu de Callicut – bande de tissu portant une inscription) – ceci
fait-il du mot cible le symbole d’une qualité inférieure ?
Ceci serait
relayé par la fleur sans calice : sépales caducs, mauvaise herbe – fleur
sans calcul, banale, familière…
Ponceau : du
paon – nom botanique du pavot – désigne en chimie un colorant rouge vif très
foncé ;
Poppies – autre
traduction au bruit charnel de baisers – lèvres humides : polpa,
pulpe : propos et paroles – puppies, poupées.
Sandrine Domon
7 mars, 2012 à 13:22
Bravo ! J’aime… l’aspect sobre, élégant et feutré de l’apparence du blog, la photo et surtout, surtout le texte ! Quel plaisir de retrouver tes poèmes après plusieurs années d’absence ! Longue vie à Minotaura
Christian
8 mars, 2012 à 1:41
Oui, longue vie à Minotaura
Christian