La forêt s’avance en habit nuptial
Les chevaux de la nuit délassent leur crinière
un voile à plumetis recouvre tous les arbres
dans le matin blafard
C’est le Printemps d’Eurydice
Des grappes d’acacia couronnent la rivière
Le miel clair des troenes chante dans le matin
ganté de beurre frais
Des pyramides nivéales jouent à saute-mouton
parmi les manchons roses des cersis
sous les langues de nuages qui s’échevèlent
le long des pentes
Plumeaux et plumets blancs s’agitent sur
les lourdes têtes du sureau lièbre
l’arbre à perruque aux bouquets crème
les candides étoiles du pyracantha
où nul ne lit
le sang des baies
inscrit dans la nacre des fleurs
C’est le cortège d’Eurydice
et ses voiles dans le matin sont une écume de chagrin.