Un grand merci à William Navarrete, qui traduit « L’Anneau de Chillida » en espagnol, et qui m’a offert le bel enregistrement de ce passage :
« Ariane aussi s’en fut tirant le fil de l’ombre
pelote obscure ouvrant au flanc du labyrinthe
le vertige d’un seuil à la lumière noire.
Mes pâles pensées tristes gravissent l’échelle du rêve
vers quel espoir au bout du fil ?
À l’écru de la toile, j’explose – expose – pose
un point de suture
aux rayons d’ostensoir –
Surgissent alors
flammèches embrasées -
des langues de fil aux lèvres ressoudées
Dans l’espace apaisé surgissent mes pensées
et la planète bleue où mènent en pointillé
le dédale de la toile
et l’échelle ajourée du voyage idéal.
Quelle plume mime un oiseau
sur le carreau de la nappe ?
Le soir tombe et la carafe
a des regrets de rubis
Avec l’étoile du matin
commence l’infini voyage
à contre-fil
à rebrousse mémoire
Sous ma peau défile un vivant paysage
de prairies de rivières d’étangs
Fines nervures de racines
entre souvenirs et présent tissant
la douce tapisserie
ma doublure mon double
Mon front contre la vitre blême
s’épanche au long des rails
sur les remblais
dans l’aube du voyage
mon reflet inversé l’image de mon âme
Dans le matin engourdi qui somnole
au rythme des traverses je sème
de fragiles fantômes
Pa vo t s Pa p a ve r i
Pa vo n e C a d a ve r i
fleurs de l’oubli »