Le livre de photos de Giancarlo Baroni et le poème d'Attilio Zanichelli (dont l'original peut se lire ici ) se font écho, en cette saison mélancolique où la gravité se marque dans la chute des feuilles tout comme dans la grisaille qui envahit les âmes.
FEUILLES
Qui sait pourquoi les feuilles se sont agitées, mères
célestes de la terre. moi qui ne m’en inquiète pas
encore et ne me souviens de ce qu’elles sont ni pourquoi elle se laissent
détacher.
Le vent a de brèves toux comme un malade,
il élimine la forme fragile de la bouche dévastée.
Il faut que je leur parle comme à des saintes immuables
misérables sœurs souffleuses du pardon.
Elles se sont repliées dans mes mains en un poing mourant.
Toute l’éternité est vide face à elles.
Elles s’amassent dans les rues quand est triste
le séjour et elles pourrissent vouées à la putréfaction.
Nous les piétinons aux bordures des pierres, épuisées
et inutiles comme dans la vision qui bouleverse les sens
et collées aux semelles, elles vibrent en tremblant.
Je suis comme l’une d’elles étourdi
par la cinglante colère du gravier sous lequel je suis quand
grince le pas mélancolique qui rentre à la maison hébété
et voit la lumière de l’escalier monotone et sourde,
et je suis avec l’âme de chaque tristesse dévastatrice.
Attilio Zanichelli
(extrait de « Una cosa sublime » – Einaudi)
trad. Marilyne Bertoncini
Emanuela Rizzo, dont je salue les nombreuses initiatives poétiques, parmi lesquelles ses partages vidéo de lectures, me suggère de lancer un appel à oeuvres et textes sur ce thème automnal, du passage et de l’éphémère : le voici donc ouvert – les textes, photos, oeuvres… sont à adresser à jeudidesmots@gmail.com, sous format doc, jpeg, mp3 ou mp4.
les textes sont recueillis sur jeudidesmots.com