
Italo Lanfredini, artiste génial, auteur entre autres du célèbre Labyrinthe d’Ariane de la Fiumara d’Arte à Castel di Lucio, en Sicile (dans la province de Messine, au-dessus des monts Nebrodi), expose sa nouvelle oeuvre PIROGHE-MARI dans le cadre d’une rétrospective de son travail.
J’ai déjà parlé, sur jeudi des mots, de sa maison-atelier-musée, La Silenziosa, à Comessaggio, hâvre de création et de paix le long du Pô, tout entourée de ses sculptures gigantesques dans un parcours féérique.J’avais alors présenté, sur la page consacrée au corps, dans les ateliers d’écriture, la forêt empoignable de 39 colonnes de terre cuite, portant l’empreinte des mains de l’artiste :
Foresta Impugnabile
Italo Lanfredini
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La main et la matière sont unies par l’amour
et la terre en garde l’empreinte


photos Marilyne Bertoncini

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C’est dans la villa Medici del Vascello, prestigieuse construction du 15ème siècle dans laquelle vécut La Dame à L’Hermine de Leonard de Vinci, entre architecture militaire et palais nobiliaire, remaniée au cours des siècles, et au 19ème, parée d’un magnifique jardin à l’anglaise, que les oeuvres monumentales de l’artiste trouvent la respiration qui correspond à l’esprit qui les a inspirées – oeuvres métaphysiques, écologiques, imbibées de mythes autant que tournées vers le futur, et profondément humanistes, elles parlent de nature avec la nature.
La nouvelle oeuvre exposée dans cette rétrospective, pour laquelle j’ai créé un poème sur la mer et le poète, que j’aurai le plaisir de lire sur le lieu même, le 28 mai, a été sculptée dans le tronc d’un peuplier du Pô (ces arbres, en effet, ont un long tronc lisse – et l’artiste les récupère quand on les abat). Tout le bois excavé a été conservé – les copeaux qu’on pourra fouler, pour lire les poèmes, produisent un bruit marin ; les blocs plus importants dans lesquels ont été taillés deux coffres, contiendront ces textes écrits par des poètes du monde entier, merveilleusement calligraphiés par l’artiste et que j’ai contribué à traduire pour l’installation et qui seront exposés au-dessus de la pirogue, symbole entre autres des tristes traversées qui marquent la Méditerranée.
Italo Lanfredini, qui écrit chaque dimanche sur « la lavagna » à l’entrée de la villa, un vers extrait d’un poème, et dont le mur d’enceinte expose des phrases offertes par ses visiteurs, travaille souvent avec des poètes ( j’ai partagé ici l’une des ses oeuvre
s en collaboration avec Philippe Jaccottet ) – Il poursuit donc son travail avec cette oeuvre multiple, qui sera recueillie dans l’arche de bois.
Dans le parc, les « nids » des années 93-94, et dans la cour intérieure, le « seuil du voyageur perdu », conçu en 2022-2012, en bois de chêne et orme… et d’autres oeuvres seront à découvrir in situ, ce qui n’empêche pas de visiter le site de l’artiste et son portfolio