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Let Vienna come to me ! 就让维也纳走向我吧 – Que Vienne vienne à moi

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Mon poème Let Vienna come to me ! écrit pour Yin Xiaoyan et son projet avec l'office de tourisme autrichien vient d'étre publié dans sa version anglaise et dans la traduction en chinois par Yin Xyaoyan - je l'en remercie infiniment.

 

© Österreich Werbung / Harald Eisenberger

© Österreich Werbung / Harald Eisenberger

Que Vienne vienne à moi

Dire vienne, en français, c’est évoquer Apollinaire et le pont Mirabeau, Vienne la nuit, sonne l’heure, /les jours s’en vont, je demeure.

Dire vienne, en français, c’est souhaiter que vienne la ville à moi – à travers la distance spatio-temporelle, écrasée par les replis de la mémoire  – et c’est si simple !

Il suffit que je m’installe parmi les cadres dorés et les boiseries sombres d’une pâtisserie un peu ancienne, aux velours rouges, comme chez Méert, à Lille – elle aussi dans mon souvenir – pour être transportée aux rives du Danube, chez Demel Hofzuckerbäcker, par exemple.

Pour que la ville vienne à moi, il suffit que je commande un café viennois. Sous le dôme de chantilly, mousseux comme les nuages en stuc battus par les ailes des anges aux chairs blanches de la coupole de la Karlskirche, se cache l’onctueux breuvage couleur kastanienbraun – ce brun doux, presque fauve parfois, pailletés d’or, des yeux des femmes en Autriche, ou comme la chevelure de la femme embrassée noyée dans l’or d’un tableau de Klimt au palais du Belvédère.

Je rêve de Vienne sur le bord du Danube et je pose mes lèvres sur le bord de la tasse, entre la froide porcelaine, l’immatérielle crème et le tiède breuvage – et j’aspire, j’aspire mes souvenirs.

 

就让维也纳走向我吧
[法国]玛丽琳・贝尔通奇尼

殷晓媛译

试着说出“维也纳”这个词。在法语中,“维也纳”让人脑海中浮现出阿波利奈尔的诗句与巴黎的米拉波桥:“Vienne la nuit, sonne l’heure / Les jours s’en vont, je demeure.”(让夜幕降临吧,敲响那晚钟 / 时光远逝,我在此茕茕孑立)

用法语说出“维也纳”,邀这座城来到我身边——跨越时空,被记忆的褶皱碾碎——一切如此简单!

我只需要流连于一家古色古香的老糕点店,那镀金的窗框与点缀着大红天鹅绒的深色木质家具之间,就像里尔Méert甜品店那样——我对那里记忆犹新——这记忆被我带到多瑙河畔,比如带到德梅尔皇家甜品店里。

为了让这座城走向我,我所要做的就是点一份维也纳巧克力。在堆雪般的搅打奶油下,泡沫仿佛是卡尔教堂穹顶上粉刷灰泥的云朵被冰肌雪骨的天使用翅膀拍打而成的,覆盖着下面甜腻的酱红啡色饮料——那是一种柔和的棕,几乎是焦糖色,点缀着碎金点点,倒映在一位奥地利女士的眼眸中,或者像丽城宫中古斯塔夫·克里姆特的名画里那样,被亲吻女人的秀发般淹没在整幅画的金黄色调中。

我梦见多瑙河畔的维也纳。我将杯子边缘贴在唇边,在这冰冷的瓷器、非具象的奶油与温吞的饮料之间——我啜饮着,啜饮我的回忆。

图片德梅尔皇家甜品店

 © Österreich Werbung / Harald Eisenberger

Let Vienna come to meMarilyne Bertoncini

To say « Vienna », « Vienne » in French, is to evoke Apollinaire’poem and the Mirabeau bridge, in Paris : « Vienne la nuit, sonne l’heure / Les jours s’en vont, je demeure. » (Come the night, strike the hour / the days pass by, I remain)
To say vienne, in French, is to wish the city to come to me – across the spatio-temporal distance, crushed by the folds of memory – and it’s so simple!
I just have to settle down among the gilded frames and the dark woodwork of a rather old pastry shop, with red velvets, like at Méert, in Lille – this place also in my memory – to be transported to the banks of the Danube, at Demel Hofzuckerbäcker, for example.
For the city to come to me, all I have to do is order a Viennese chocolate. Under the dome of whipped cream, frothy like the clouds in stucco beaten by the wings of the white-fleshed angels of the dome of the Karlskirche, hides the unctuous kastanienbraun colored beverage– this soft brown, almost tawny at times, spangled with gold, in the eyes of women in Austria, or like the hair of the kissed woman drowned in the gold of a painting by Klimt at the Schloss Belvedere.
I dream of Vienna on the banks of the Danube and I put my lips on the edge of the cup, between the cold porcelain, the immaterial cream and the lukewarm drink – and I sip, I sip my memories.
original ici
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