Après la sollicitation pour un poème sur Vienne, voici ma deuxième contribution « touristique » et ludique écrite en anglais à la demande de Yin Xyaoyuan, qui l’a traduite et publiée en Chine – cette fois sur le Palais Sintra au Portugal – un jeu avec les lieux, les formes, l’histoire et ses symboles.
Pena Palace, à Sintra
OVNI d’un autre monde,
il flotte au-dessus des nuages
palais barbare aux couleurs de l’enfance -
sucre d’orge candi et caramels volés
tous sortis du chapeau d’un magicien habile.
Ancrés aux contreforts,
S’entassent des blocs de construction,
cylindres crénelés,
coupoles de gâteaux :
Des pièces de Lego envahissant l’espace
De leur géométrie follement rigoureuse,
Hallucinante enluminure d’azuleios devenus fous,
rêves d’un enchanteur qui pourrait s’appeler Klingsor
sertis dans le décor tapageur surplombant
un jardin mystérieux en forêt de fougères,
de pierres abandonnées aux mousses d’autrefois
et d’arbres de haut-fût qui cacheraient la lance
de Parsifal évadé du château enchanté
pour chasser le dragon au labyrinthe vert.
Marilyne Bertoncini
Au Portugal, le Palais de la Pena est un des plus grands exemplaires du passéisme romantique du XIXème. Situé sur le Mont de la Pena, il est conçu par D. Fernando Saxe Coburgo-Gotha - roi consort du royaume —, d’origine allemande et portugais d’adoption à la suite de son alliance avec la reine Marie II.
En 1839, après avoir racheté les ruines d’un monastère hiéronymite du xve siècle, le souverain confie l’édification de son palais d’été au baron Ludwig von Eschwege qui mélange allègrement les styles architecturaux — mauresque, baroque, gothique, Renaissance et manuélin — afin de livrer un bâtiment exubérant et haut en couleur, mais qui conserve toutefois quelques parties de l’ancien monastère.
La construction, commencée au milieu du xixe siècle, ne s’achève qu’en 1885, année de la mort du roi.
Après avoir visité Pena, le compositeur Richard Strauss a écrit : « Aujourd'hui est le jour le plus heureux de ma vie. C'est la plus belle chose que j'aie jamais vue. C'est le véritable jardin de Klingsor — et c'est là, juste au-dessus, que doit se trouver le château du Saint Graal. »