A propos de Minotaur/A

Outil de communication, objet évolutif et donc imparfait, ce blog vous présente un travail en cours où je mêle mes images et mes textes, les livres d’artistes et travaux « à quatre mains » avec des amies plasticiennes, ainsi que, dans les pages, les publications et traductions me concernant, les traces d’une réflexion sur la traduction et mes notes de lecture.

D’où vient Minotaur/A ?

 

Il faut sans doute remonter à Orphée . Orphée, dans le fond, il avait tout : sa muse, sa lyre, le succès – tout s’émeut pour lui – mais lui ? Eurydice ? Oui, il l’aime – elle ajoute à son bonheur, son prestige… mais l’a-t-il jamais vraiment vue – vraiment – pas l’apparence d’Euridyce, la jolie forme dans le soleil, les cheveux blonds d’Eurydice, la silhouette en robe blanche, la voix qui chante d’Eurydice… non – l’autre – l’Eurydice d’ombre, la taiseuse, celle qui tente de remonter la pente vers la lumière avec sa charge de mots qui la retiennent, la tirent, la lient aux enfers profonds de la langue. Ce n’est pas le mythe d’Orphée qu’on devait raconter, mais celui d’Eurydice. Les Ménades ont bien fait de déchirer le poète – beau boulot, belle revanche – il accède à l’immortalité et tout le tintouin … Mais Eurydice, dans tout ça ? Déchirée intérieure sans mots propres pour dire sa souffrance, sa plainte silencieuse qui cherche sans Orphée des mots qui la délivrent.

 

Non, Orphée sans Eurydice ne mérite pas son mythe – mais le sien, celui d’Eurydice, n’a sans doute pas pu prendre son envol depuis la cage de ses mots. Voilà – tout comme Minotaure , dont le mythe raconte, d’une autre façon, l’histoire d’Eurydice – l’être piégé, sans la parole, au tréfond de son âme, en quête de l’autre dont la parole le délie, en quête d’Ariane qui déroule son fil… Oui, Eurydice et Minotaure sont sœurs (car qui peut me prouver que Minotaure n’est pas femme, double d’Ariane, injustement bestialisée par l’absence de parole, injustement parkée au fond du labyrinthe d’où elle mugit sa plainte ?)

 

Minotaur/A – quand la voix intérieure se décide à rompre le silence.

Bienvenue dans le labyrinthe !

 

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