- Aeonde

éditions La Porte, chez Yves Perrine, mars 2017

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notes de lecture : 

Un mot de Laurent Grison sur « Aeonde »

 Chère Marilyne,

J’ai lu avec un très grand plaisir votre petit livre publié par Yves et Monique Perrine aux excellentes Editions La Porte.
Le titre, tout d’abord, est magnifique : Aeonde. Enigmatique, sonore, dynamique comme un corps dansant, il donne au lecteur l’envie d’entrer dans votre univers littéraire en toute liberté.
Votre poésie est sensible, profonde. J’ose dire : belle.
Aeonde m’a ému. Je l’ai relu plusieurs fois en y découvrant sans cesse des subtilités qui se dévoilent au lecteur attentif et patient.
Je trouve, en vous lisant, des éléments qui évoquent, avec une rare force poétique, la vie, le temps, la mort, le refus de l’oubli, l’amour aussi.
Vous aimez la musique des mots et du monde. Vous en composez une partition subtile et habitée.
Bravo !
Amicalement et fidèlement.
Laurent Grison
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Jane Hervé en parle sur Recours au Poème : http://www.recoursaupoeme.fr/critiques/fil-de-lecture-autour-de-marilyne-bertoncini-denis-emorine-et-jasna-samic/jane-herv%C3%A9

« Aeonde » ? Insolite, ce mot est entendu en rêve par Marilyne Bertoncini.  Il n’est ni  onde, ni songe, ni ombre, ni aérien,  mais peut-être tout cela à la fois.  Il incite la poétesse à  nous introduire en son  théâtre d’ombres révélatrices. L’opuscule se révèle à la façon d’un rébus dispersé entre les  divers poèmes.

L’Aeonde est  une muse- fantôme composite « errant dans les rues vides ». « L’âme » de la poétesse s’est couchée, tendre et triste, devant cet être spectral aux « ailes repliées ». La citation de Haendel placée en exergue (l’ode Alexander’s feast),  rappelle que, pour plaire à une courtisane,  le grand Alexandre  a brûlé Persépolis. D’où l’interrogation sur les incendies secrets recélés dans le recueil.

La sensibilité aiguë de l’auteure se signale par le placement de nombreux  adjectifs avant  les  substantifs auxquels ils se rapportent.  Ils frappent  ainsi le lecteur de plein fouet : « grenu grésil », « mercurielle floraison », « anciens désastres », « fatale semeuse », « stagnante lame », « sibyllin murmure », « vives arêtes », « opaque brume », « muet fracas ». Ce dernier  reconstruit alors sa propre lecture : fatale-muet-mercurielle- opaque, etc… Autant de miroirs anciens  étamés – en quelque sorte -  par l’affliction.  Ce jeu  d’ombres et d’obscur est conforté par des mots  dont le sens réel (« obombrée »,  « anuiter »)  se mue parfois en figuré (« sibyllin »). Il en émerge un monde embruni, tout en grisaille. Les sons  l’emportent et se répètent en harmonie : pluie de suie, tourbe et tourment, aile et houle, feuille et flamme,  cendre et silence. Dans les jardins de la créatrice,  un gibet, des repentirs, des mains coupées  disent ensemble une détresse intime. Mort au vaincu, mort à toi. La clé de l’énigme est-elle là ?

 

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